L'IMMIGRATION DES OUVRIERS EGYPTIENS EN ISRAEL PENDANT LE MANDAT BRITANNIQUE / DR.Rivka Shpak Lissak

Translated by Dominique Kahtan
Le Professeur Moshe Baver de la faculté de géographie de l'université de Tel-Aviv, géographe de renommée mondiale, basa ses études, "l'immigration, facteur de croissance du village arabe en Israël (Revue Economique, 1975) sur une enquête menée par le Gouvernement Mandataire dans les villages arabes, à laquellel il avait participé et qui comprenait des interviews des Mukhtars (chefs) de village pendant la période mandataire. Comme la plupart des villages arabes du long de la côte méridionale avaient été détruits pendant la Guerre d'Indépendance, une deuxième enquête fut menée entre 1968 et 1978 dans les villages qui n'avaient pas été détruits pendant la guerre. L'étude se porta sur les immigrations des ouvriers et des fermiers démunis, venus d'Egypte, de Syrie, du Liban et de Transjordanie vers
la Terre d’Israël sous le Mandat Britannique.

Un des thèmes de sa recherche portait sur l'immigration des ouvriers égyptiens pendant la période mandataire et leur implantation principalement le long des plaines côtières méridionales.. Bien que des immigrants venus d'autres pays se soient aussi installés le long des plaines côtières, cet article se concentre sur ceux en provenance de l'Egypte.

Selon l'étude de Braver, une vague d'immigration de l'Egypte vers Israël arriva avec l'armée britannique, lors de sa conquête du pays, aprés sa victoire sur les Turcs en 1917-18. Elle se poursuivit jusqu'à la moitié des années 1940 ( c-à-d jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale). Les ouvriers égyptiens, qui étaient au service de l'armée britannique, suivirent celle-ci jusqu' en Israël. L'immigration égyptienne fut aussi grandement influencée par la croissance de l'industrie juive des agrumes qui avait décuplé pendant les années 1920 et 1930 et nécessitait donc une plus grande main d'oeuvre . Les camps militaires britanniques érigés dans la région, les travaux de construction juifs et les travaux publics entrepris par le Gouvernement Mandataire et l'Agence Juive nécessitaient aussi des ouvriers. Les ouvriers égyptiens saisirent ces grandes opportunités d'emploi et vinrent s'établir sur la Terre d'Israël, le long des plaines côtières méridionales.

L'accroissement démographique dans les villages des plaines méridionales et côtières ne peut s'expliquer par la seule croissance naturelle, surtout si on tient compte des taux de mortalité infantile, de l'espérance de vie, et du niveau des services médicaux dans les villages arabes. Les immigrants égyptiens contribuèrent de façon signifiante à cet accroissement. Le Professeur Bauer conclua que 1/3 au moins de l'accroissement démographique dans ces villages est dû aux émigrants venus d'Egypte.

De 1922 à 1944, la population de Bet-Dajan augmenta de 127%, celle de Yazour de 214%, celle de Salame de 476%, celle de Yavné de 203%, de Kubeiba ( prés de Réhovot) de 211% et à Fajjah, l'accroissement atteignit les 630% alors que Sawalme atteignit un record avec un accroissement de 1040%. Des chiffres semblables ont été enregistrés dans les autres villages arabes des plaines centrales et méridionales.
Le gouvernement mandataire mena une autre enquête dans plusieurs villages, en 1941, à laquelle le Prof. Bauer participa. Les enquêteurs interrogèrent les Moukhtars (chefs) qui confirmèrent que les villageois qui ne possédaient pas de terre dans le village, étaient des immigrants égyptiens venus s’installer dans les villages. L'ancien Moukhtar de Yabne, enfui de Gaza en 1948, dans une interview à Gaza, aprés qu'Israël ait conquis Gaza en 1976, attesta que « dans son village, beaucoup d'égyptiens s'étaient établis à Yabne du temps des Britanniques. »

Les ouvriers égyptiens, qui, comme nous l'avons déjà mentionné, ne possédaient aucune terre, avaient l'habitude d'habiter à l'écart, dans leurs propres blocs de logements et établirent ainsi des quartiers d'immigrants dans ces villages.

Le Prof. Bauer, en comparant les statistiques sur la croissance démographique naturelle dans les villages entièrement arabes de la région de Jénine (la rive occidentale du Jourdain /NDT : la Judée-Samarie), réfuta l'affirmation selon laquelle la poussée démographique dans les villages le long des plaines côtières était due à une croissance naturelle. Entre 1922 et 1924, la croissance démographique variait de 50% à 80% ; les mouvements de la population étaient des moindres et le nombre des partants était comparable à celui des arrivants immigrés. Ce qui amena à la conclusion suivante: l'accroissement démograhique dans la région de Jénine était le résultat d'un accroissement naturel avec un taux de 70% comparé à celui allant de 119% à 1040% le long des plaines côtières. Les résultats furent aussi comparés à ceux de la région de Naplouse et de Ramallah (la rive occidentale, NDT :la Judée - Samarie) et aussi à ceux de la Syrie et du Liban. Les taux étaient identiques à ceux de Jénine et de ses alentours.

L'étude envisagea aussi la possibilité que la croissance des villages des plaines côtières ait été due à une immigration interne des arabes des villages de la Galilée et de la Samarie qui seraient venus et se seraient installés dans les plaines côtières, à la recherche d'un emploi meilleur. Or il a été établi que les habitants de la Samarie sont partis soit pour l'étranger, soit pour les villes de Jérusalem, de Haifa, et de Jaffa; mais trés peu ont déménagé vers les villages des plaines méridionales.

Une immigration antérieure à partir de l'Egypte vers la Terre d'Israël a fait l'objet d'une étude du Professeur Moshe Sharon, de l'Université Hébraïque de Jérusalem, spécialiste de l'histoire des Bédouins (il a publié entre autres "les Bédouins en Terre d'Israël, sous l'Islam, 1988), et de Yussuf Suwa'ed, lui-même bédouin , qui publia un article en 1995 sur " la Domination des Cheiks Bédouins dans la Partie Nord de la Terre d'Israël". Selon ces études, la tribu des Naddis d'Egypte immigra en 1914 dans la région de Gaza, et cette immigration contribua à la composition de la population des villes et villages, le long des plaines côtières pendant la période ottomane. Akkal et les hommes de sa tribu servirent le gouvernement ottoman mais le combattirent aussi, et prirent le contrôle de la Galilée pour un temps. De 1832 à 1840, la Terre d'Israël fut gouvernée par Muhammad Ali, le vice-roi d'Egypte et par son fils, Ibrahim Pacha. Durant toutes ces années,les immigrants venus d'Egypte, des paysans en majorité, s'installèrent en Terre d'Israël, dans différents endroits, les plaines côtières et les villes de Gaza et de Jaffa inclues.

En conclusion, en s'appuyant sur ces faits, il semble raisonnable et logique d'affirmer que la majorité de la population arabe du long des plaines côtières d'Israël est originaire d'Egypte. Les réfugiés Palestiniens de la bande de Gaza sont bien ces mêmes Egyptiens, leurs enfants et leurs petits-enfants.


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